Israel a home movie
Brigitte C. brave les missiles et écrit dans le cadre du Billet de l’Invité(e) une chronique sur un documentaire israélien « Israel: a home movie ». Elle estime que 2011-2012 aura été la grande année du cinéma documentaire israélien. D’autres recensions suivront donc.
Aujourd’hui, 17.11.2012 , c’est shabat, quatrième jour de l’opération militaire « amoud anann – colonne de nuage » contre les tirs de missile en provenance de Gaza, et j’ai décidé d’aller voir deux documentaires projetés à la Cinémathèque. A Tel-Aviv, malgré les alertes aux missiles ces derniers jours, les rues sont comme n’importe quel shabbat, tranquilles et souriantes.
A 11 heures, je vais voir Israel a home movie, en hébreu : kakh rahinou – littéralement The way we saw, titre peut-être inspiré par The way we were, en français, Nos plus belles années, film culte de Sydney Pollack avec Barbra Streisand et Robert Redford sur l’innocence et la désillusion d’une jeunesse idéaliste.
Pendant dix ans, les deux metteurs en scénes Arik Bernstein et Eliav Lilti ont sauvé de l’oubli et collecté des centaines de films d’amateurs mis ici bout à bout. Ces prises de vue couvrent les années 1930 à 1977, passent du noir et blanc à la couleur et sont la biographie d’Israël telle que des gens l’ont vécue. C’est une mosaïque de vues prises par des particuliers et aussi par les familles Dayan et Weizmann. On y parcourt les différentes alyot (immigrations), la vie extrémement difficile dans les ma’abarot (logements précaires et provisoires), la guerre d’Indépendance, la création de l’Etat, la guerre des Six-Jours et l’euphorie qui s’en suivit, les rapports avec les habitants arabes, on y voit des célébrités, la panique de la guerre de Kippour, l’avènement de Menachem Begin. Le film est soutenu par les commentaires des cameramen amateurs et par quelques poèmes. Ce qui crée l’émotion et l’intensité de ce film tient justement à ce bout-à-bout hétéroclite. Je finirai en restituant (non mot pour mot) la phrase de Meni Peer, autrefois célèbre présentateur à la télévision du temps de la chaine unique : »Jusqu’en 67, la réalité était celle que les gens filmaient où privé et public se mélangeaient. Depuis 1967, (l’année zero de la télévision israélienne) la réalité publique est mise en scène et projetée dans chaque foyer ».
« Israel a home movie – Kakh rahinou » 100 min. sous-titres hébreu et anglais. Tous les dimanches à 18.00 et le samedi à 11.00 à la Cinematheque de Tel-Aviv.