Des fruits pour Tou Bishevat

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Tu Bishevat est une fête, le nouvel an des arbres, mais c’est en fait une date,  ט »ו בשבט, le 15 du mois de Shevat. On fête ce nouvel an des arbres en mangeant beaucoup de fruits. Certains disent 15 comme la datte. Oh pardon, je voulais écrire comme la date. Et en effet, la datte fait partie des 7 espèces d’Israël avec le blé, l’orge, la vigne, la figue, la grenade, l’olive. D’autres, suivant une tradition kabbalistique préconisent de manger 30 fruits.

Un extrait du Concours, l’une des 13 nouvelles de mon Bouquet de Coriandre. Elle est très fruitée!

Le Rabbin voulait aussi les former à la récitation des bénédictions. Il leur avait fait ânonner en chœur celles liées à l’alimentation, les plus courantes. Il insistait sur la différence entre la bénédiction du fruit de la terre et celle du  fruit de l’arbre. Les enfants connaissaient le texte des deux bénédictions, ils savaient théoriquement qu’une pomme venait de l’arbre pommier et qu’il fallait, avant de la croquer, dire la bénédiction sur le fruit de l’arbre, et qu’il en était de même pour les grenades, les figues, les olives, les avocats, les pêches… Ils savaient également qu’avant de manger les fruits, les graines, les racines, les fleurs ou les feuilles de plantes comestibles comme les poivrons, les pastèques, les concombres et les aubergines, les graines de tournesol, les petits pois, les carottes, les salsifis, les fleurs de courgettes, les câpres, la laitue, on devait prononcer la bénédiction sur le fruit de la terre. Mais, en pratique, ils avaient tendance à confondre les deux prières. Pour savoir quelle était la bénédiction appropriée, il était impératif de reconnaître si un fruit était de l’arbre ou de la terre et donc d’avoir des connaissances minimales en botanique, matière qui semblait être totalement étrangère aux élèves du Rabbin.

Pour corriger cette faiblesse, le Rabbin organisa un concours.

Chaque élève devait dresser la liste la plus longue possible de fruits de l’arbre et de fruits de la terre avec, en vis-à-vis du nom du fruit, le nom de la bénédiction lui correspondant.

La fille du Président avait décidé que sa liste serait la plus longue. Elle se mit à la chasse aux fruits et aux légumes, elle déambula entre les étals du marché, elle feuilleta des livres de cuisine et de jardinage, elle consulta des livres de botanique, elle demanda à tous les adultes qu’elle rencontrait de lui citer les fruits les plus exotiques qu’ils connaissaient.

Le Rabbin fut surpris du sérieux avec lequel les enfants participèrent au concours. Grâce à eux, il fit connaissance avec le durion et la mangouste, la jambose, le ramboutan et la fenouillette, l’igname et la colocase. Eux qui n’avaient aucune baie dans leur région rédigèrent des listes détaillées où des dizaines de ces fruits vermeils, framboises, myrtilles, mûres, airelles, groseilles à grappes et à maquereau, cassis, arbouses semblaient leur être aussi familiers que les pommes et les bananes qui faisaient l’ordinaire de leurs goûters.

Lors de l’examen des listes, il y eut des surprises, le Rabbin leur fit quelques révélations, ce n’était pas si simple, il s’avéra qu’un légume pouvait être fruit, que le champignon appartenait à un tout autre groupe et que le raisin vert était considéré comme un fruit de la terre mais quand ses grains atteignaient leur taille maximale, il devenait fruit de l’arbre. Les légumes comme la citrouille, le navet, les épinards qui sont meilleurs cuits que crus ne rentraient pas, quand ils étaient mangés crus, dans la catégorie des fruits de l’arbre ou de la terre mais dans celle qui comprenait les jus de fruits, la guimauve, la viande, les barres chocolatées et le poisson. Par contre, lorsqu’ils étaient mangés cuits, ces mêmes légumes devenaient fruits de la terre!

(…)Elle éplucha le dictionnaire à la recherche de légumes et de fruits inconnus, elle y découvrit la sapotille originaire des Antilles et qui se mange blette, les gombos de Louisiane, le panais, le pourpier, la marasque, l’icaque, l’alberge et la canneberge, l’atoca, l’anone, et l’alize, légèrement acidulée.

Sa grand-mère lui proposa d’insérer dans sa liste la confiture de roses dont elle était si friande mais elle hésita, elle ne savait pas qu’elle serait la bénédiction adéquate. Elle se décida finalement pour le fruit de la terre et elle eut raison, le Rabbin la félicita pour cet exemple original.

Malheureusement, malgré ses efforts, elle n’atteignit que la cinquième place et elle n’eut droit à aucun prix (…)« 

©Rachel Samoul

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