Connaissez-vous les jeûnes du 8, du 9 et du 10 Tevet ?

Guylain-David Sitbon m’a envoyé cet enseignement fort intéressant et quelque peu sulfureux !

Au cours de son discours shabbatique Rabbi Haim Eidels, le rabbin de ma synagogue (Goren- Komemiout Abraham) à Tel Aviv a rappelé hier que cette semaine aura lieu le jeûne du 10 Tevet.

10 Tevet Beaucoup d’entre vous ont entendu parler de ce premier jeûne lié à la destruction du Second Temple. Ce qui est moins connu est que le 10 Tevet a été décrété par les grands Rabbins d’Israël, très vite après la création de l’Etat, jour du Kaddish Haklali. C’est un Kaddish récité dans toutes les synagogues pour l’élévation de l’âme des millions de Juifs assassinés et/ou disparus pendant la Shoah et restés sans sépulture. La coutume d’allumer un ner neshama, une bougie du souvenir, est aussi pratiquée à cette occasion.

8 Tevet Par contre, je ne savais pas du tout que le 8 Tevet est aussi appelé Jour de jeûne. J’ai cherché des explications. J’ai trouvé une conférence d’une heure donnée en anglais le 16 décembre 2018 aux Etats-Unis, je pense à New York par le Rabbin Yitzhak Breitowicz qui éclaire ces différents « mystères ».
Le 8 Tevet est le jour où a été complété la traduction de la Septante. En quoi est-ce un jour tragique ? Ce serait même plutôt un jour heureux et Philon d’Alexandrie signalait qu’en effet le 8 Tevet était un jour de fête à Alexandrie, ce qui venant de lui se conçoit aisément. Sans aller jusque là certains Sages reconnaissent que c’est une bonne chose que la Bible soit accessible au plus grand nombre y compris au monde extérieur. Il n’en reste pas moins que la majorité pensait que c’était une tragédie. Ce jour où pour la première fois la Bible est traduite, c’est à dire et pour aller vite « trahie » devait être un jour triste, un Yom Kippour des traducteurs en quelque sorte. Ce jour signifiait aussi que nombreux étaient ceux qui ne savaient plus l’hébreu au point d’avoir besoin d’une traduction pour accéder à leurs sources traditionnelles.
Ce jour était considéré aussi comme un grand miracle (alors pourquoi jeûner si miracle il y a eu ?)  car les 70 sages qui étaient chargés de la traduction de la Bible en grec ont produit exactement le même texte !!!
Malédiction de la traduction. Et c’est un amateur de la traduction qui écrit…

9 Tevet Je ne savais pas non plus que le 9 Tevet aussi est un Jour de jeûne appelé Jour de jeûne des Tsadikim. Et aucune explication n’est, volontairement, donnée à ce jeûne. Il se trouve cependant une explication peu connue dans le Mahzor de Vitry  (Vitry-le François  pour ceux qui connaissent bien la région et pas du tout Vitry-sur-Seine).
Le 9 Tevet est considéré par certains Sages comme l’anniversaire du décès de Ezra le Scribe dont on a dit que si la Torah n’avait pas été donnée à Moïse, c’est à Ezra qu’elle aurait été donnée. Mais qu’y a-t-il de si secret que cela ne soit pas révélé dans ce cas ?
Le Mahzor de Vitry, écrit par les petits-enfants de Rachi de Troyes (pas très loin) en donne une explication. Il ne s’agit pas de l’anniversaire de la mort de Ezra mais celle de Simon-Pierre (d’autre disent plutôt Paul). Simon-Pierre était membre du Sanhedrin à Jérusalem. Il est aussi devenu le premier pape à Rome (Saint-Pierre dit-on). Il aurait aussi – supposition – continué à pratiquer le judaïsme en secret… Simon-Pierre est venu au Sanhédrin annoncer publiquement qu’il allait quitter le judaïsme et emmener avec lui tous les Juifs qui suivaient Jésus afin de créer une toute nouvelle religion afin d’extirper l’ivraie et que subsiste le bon grain si on ose dire, et que le Peuple Juif reste ainsi indemne pour l’éternité de cette déviance théologique grave. Un très étonnant acte de sacrifice. Et l’histoire continue dans le Mahzor, en disant que Simon-Pierre avait demandé aux Sages que soit lue à la synagogue un texte qu’il a composé. Ce texte serait le Nichmat Kol Hay que l’on chante tous les Shabbat matin et qui est en effet une magnifique prière extrêmement porteuse de sens et puissante. N.B L’auteur  de ce texte reste officiellement inconnu.

Certains TsadikimJustes, particulièrement robustes (physiquement et/ou moralement) jeûnent pendant ces trois jours successifs….
Tsom Kal, un jeûne facile à ceux qui jeûnent ou jeûneront, le 8 Tevet, le 9 tevet, le 10 Tevet !

©Guylain-David Sitbon