Kippour…bientôt


octobre 2008

Voilà un peu plus de deux mois que nous sommes arrivés en Israël. Après diverses tracasseries administratives, somme toute minimes (je l’écris avec le recul, sur le coup, c’était stressant), nous avons une carte d’identité israélienne et une assurance médicale. Les cartons sont vides et sur ceux qui restent, plein de livres, nous avons installé des matelas qui nous servent de sofas. En dix ans de vie bruxelloise, j’ai acquis beaucoup de livres, je n’ai pas réussi à m’en séparer, je leur ai fait traverser des mers et maintenant je ne sais plus où les mettre. Enfin, je viens de voir dans le journal que, d’après une recherche de l’hôpital Hadassah de Jérusalem, les personnes qui lisent chaque jour vivent plus longtemps.
Pendant ces deux mois, j’ai passé beaucoup de temps à marcher dans la ville.  J’ai eu un besoin impératif de me mettre en mouvement, comme cette ville qui bouge sans cesse, qui n’est jamais finie, toujours en devenir.
Des quartiers entiers en rénovation. Des travaux partout. Une ruche. J’ai participé à la manifestation organisée par le Forum pour les droits aux réfugiés africains afin qu’ils ne soient pas expulsés vers l’Egypte où leur sort est peu enviable. Quelques centaines d’Israéliens et des réfugiés du Darfour et d’Erythrée se sont retrouvés en face de la Kyria, les bureaux du Ministère de la Défense. Près de là se cache Sarona, un village créé par des Templiers allemands en 1871, avec de jolies petites maisons en pierre et des arbres centenaires, en passe d’être restauré.
En rejoignant Jaffa à pied, j’ai découvert que la première gare qui reliait Jaffa à Jérusalem faisait l’objet d’une rénovation ambitieuse. Et, en face, la Colonie américaine fondée en 1866 par des chrétiens du Maine qui ont emmené avec eux leurs maisons préfabriquées.
La promenade au bord de mer, la Tayelet, a aussi droit à un lifting et elle va bientôt relier Herzliya au nord à Bat Yam au sud avec en prime une piste cyclable. A Tel Aviv aujourd’hui, les pistes cyclables sont de plus en plus nombreuses et les vélos à la mode sont californiens, les beachcruisers aux largex guidon et aux couleurs acidulées, rose, orange, vert.
La rue Ibn Gvirol est devenu un centre gastronomique, les chocolatiers, les boulangers, la Brasserie, les sushi bars, les bios, les spécial pasta, les tout pommes de terre et encore un ou deux falafels qui tiennent le coup malgré l’invasion.
Neve Tsedek continue à embellir et plus qu’un quartier de Tel Aviv, c’est un petit village où Anaël va au collège Marc Chagall. Beaucoup d’enfants parlent hébreu dans la cour mais elle y apprend la Marseillaise. Souvent après l’école, on va à la plage comme on le lui avait promis quand on était encore à Bruxelles. Elle a déjà sa vie bien remplie, un cours de tennis énergique deux fois par semaine, Louba de Minsk, sa nouvelle prof de piano, le docteur Romano pour ses plaquettes. La clinique de cet orthodontiste très branché se trouve à Ramat Hahayal, dans le Silicon Wadi, pépinière de start up en tous genres et je suis au courant car Dan s’y rend régulièrement. Parce que nous sommes tous là. Sarah aussi a décidé de rester encore un peu, la lumière est si belle…
Tous les lundis soirs, je vais avec mon amie Esther à Rosh Yehudi pour un cours de Torah sur l’Exode, avec le Rav Ouri Cherki, C’est brillant et interpellant.
Le sport, c’est retour aux sources avec Michèle au Studio B. Je suis allée à un cours et c’était d-y-n-a-m-i-q-u-e! Mais la mode c’est le Bikram Yoga, vingt six postures dans une salle à 40.5°, comme s’il ne faisait pas assez chaud à l’extérieur!
Bon, dans cette description idyllique, n’oublions pas en vrac l’impolitesse, le manque d’esthétisme, l’aspect non fini de la ville, les cafards et autres insectes, le bruit. Comment certaines rues peuvent-elles être si sales si le camion nettoyeur passe deux fois à cinq heures puis à six heures du matin juste au moment où une légère brise dégage un peu l’humidité qui permettrait enfin de s’endormir…
Et qui dit que Tel Aviv est le centre de la laïcité israélienne ? J’ai été réveillée chaque matin par le cri de Slihot, slihot, Ephraïm, Betzalel, venez à la synagogue. Du début du mois d’Elloul à Yom Kippour, les fidèles vont dès le petit matin à la synagogue pour des prières de repentir, exercices de préparation spirituelle avant Kippour.
Le parfum du bouillon de poulet envahit la maison, la radio diffuse des témoignages de la Guerre de 1973. La ville peu à peu s’apaise.
Dans quelques heures, c’est Yom Kippour en Israël et je suis heureuse d’être là.
Soyez tous inscrits dans le Livre de la Vie.

Rachel Samoul

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