Le Dieu absent, Emmanuel Levinas et l’humanisme de l’Autre
La chronique cinéma israélien de Brigitte C. Cette fois-ci, un documentaire israélien sensible et intelligent sur le philosophe Emmanuel Levinas.
C’est un documentaire composé d’entrevues de penseurs en hébreu et en français sur la théorie humaniste du philosophe français Emmanuel Levinas. Emmanuel Levinas est né à Kovno en Lituanie en 1906 sous le double signe de l’appartenance au judaïsme et de l’universel. En 1925, après avoir terminé ses études au lycée hébraïque de Kovno, il immigre à Strasbourg. En 1930, il reçoit la nationalité française. En 1940, il est officier et est fait prisonnier ce qui le met à l’abri des nazis. Après la guerre il devient pendant 35 ans le directeur mythique de l’ENIO, l’Ecole normale israélite orientale. Il est mort en décembre 1995.
Le dieu absent, Emmanuel Levinas et l’humanisme de l’autre
Un film de Yoram Ron, 2014, 68 minutes, Français – hébreu
Il est 19h30. Après une longue journée de travail, on écoute complètement éveillés, l’esprit et les sens en alerte, Luc Dardenne, Alain Finkelkraut, Tsvia Grinfeld (docteur en philosophie et juive orthodoxe), un philosophe de culture musulmane, un autre chrétien, le rabbin Epstein et d’autres encore, parler de Levinas. Entre leurs paroles, des images diverses qui transmettent une dimension supplémentaire sur un mode associatif : des portraits, des paysages, un visage sculpté.
Pour Levinas, « l’éthique c’est l’optique ». Levinas voit autrui, le visage d’autrui, comme le rappel constant du commandement « Tu ne tueras point’. Derrière les visages dit un des philosophes, il y a un dieu absent. Et le visage, la face d’autrui, n’est pas réductible à ce qu’on en voit. Voir l’autre nous rend responsable de l’autre, ce qui nous donne l’injonction de ne pas tuer. Les implications politiques nous dit un des interlocuteurs sont qu’on ne choisit pas ses voisins mais qu’on doit faire l’effort permanent de les respecter.
Extrait de l’entrevue du metteur en scène Yoram Ron dans le journal Haaretz du 13 juillet 2014 à l’occasion de la présentation du film au festival du cinéma de Jérusalem : Ron a fait des études de philosophie et de cinéma. Il dédie son film à David Gritz, doctorant en philosophie, mort dans un attentat à Jérusalem en 2002 alors que Ron attendait de le rencontrer pour la première fois pour échanger sur Levinas. Plus loin, Ron dit qu’il y a dans le cinéma un œil qui regarde.
Le film de Ron regarde et écoute des personnes inspirées par Levinas et nous inspire.
Emanuel
Déc 13, 2015 @ 13:46:33
Il semble qu’il y ait une erreur sur la date à laquelle il a cessé ses interventions à l’ENIO. Cela ne peut pas être en 1961puisque j’ai assisté à une étude du Chabat dans les années 80….Professeur de philosophie à Versailles j’ai enseigné Levinas à toutes mes classes mais aussi à mes collègues de philosophie….
rachelsamoul
Déc 13, 2015 @ 20:08:10
Merci beaucoup Régine. Vous avez raison et j’ai corrigé.