Rire en hébreu
Dans le cadre de la rubrique, le Billet de l’invité, j’accueille Roland Koster qui nous présente quelques comiques israéliens.
Oleh vatiq (ancien immigrant) depuis 1968, j’ai pu observer l’évolution de l’humour en Israël. A mon arrivée, il aurait été très mal vu par exemple d’amuser au dépens de l’armée ; aujourd’hui il est permis de rire de tout, exception faite de la Shoa. Israël est une vibrante démocratie, et elle le prouve par cette permissivité qui peut parfois agacer.
L’influence du yiddish se fait encore ressentir. Par exemple avec l’adjonction de « Sch » devant le mot pour le tourner en dérision. Quand on faisait remarquer à Ben-Gurion que l’ONU risquait de mal réagir à la suite de certaines opérations de représailles, il s’exclamait « Oum-Schmoum » (« Oum » pour « Oumot Mehouchadot » = Nations Unies). Autrement dit « lachez-moi les baskets avec vos Nations Unies ».
Quelques noms de comiques (on les nomme aussi les standupistes) et de groupes les plus connus :
« Hagashash Hahiver »
Trio archi-populaire qui a fait rire pendant plusieurs décades le public israélien. Une vraie légende.
En 2000, ils ont obtenu le prestigieux Prix Israël pour leur contribution à l’épanouissement de la société israélienne.
« Nikouï Rosh » (Shampooing cervelle) (1976) avec Rivka Michaeli et Tuvia Tzafrir entre autres.
Spécialisé dans la parodie politique à la télé. Le créateur Motti Kirschenbaum a également obtenu le Prix Israël.
Shaïke Ofir (Goldstein) Mime de renom international qui a apparu aux côtés du mime Marceau.
Il s’est révélé un acteur d’une grande sensibilité dans « Hashoter Azulaï » (Azulaï le policier) qui a obtenu le « Golden Globe » pour le meilleur film étranger (1972). Pour moi le plus grand de tous. Aussi le plus séfarade des comiques ashkenazes. Difficile de croire qu’étant né Goldstein, il a l’air plus marocain que Mohammed VI lui-même dans « Hashoter Azulaï » (d’Ephraïm Kishon).
Rivka Michaeli et Yossi Banaï
Duo célèbre. Yossi Banaï a été aussi l’interprète des chansons de Brel et Brassens.
Hahamishia Hakamerit (Les cinq caustiques en chambre) (1994)
Le fait qu’une sélection de ce groupe ait été présentée sur ARTE en dit long sur la qualité universelle de ce quintet de génie.
« The Drill Sergeant » (L’adjudant pervers) sur Youtube (en hebreu avec sous-titres anglais) :
Eretz Neederet (un si merveilleux pays)
Emission satirique TV actuelle. Record de l’audimat pulvérisé. Très populaire mais de niveau inégal.
Peut être même d’une vulgarité adaptée aux contraintes de l’audimat des chaînes commerciales.
Esther
Avr 25, 2010 @ 17:50:13
Hagashash Hahiver reste mon préféré. Question de génération ? Non, tout simplement les plus drôles.
Nelly
Mai 02, 2010 @ 09:01:51
Je suis d’accord avec Esther, j’ai connu le groupe en 1972 et je rie encore de leurs sketches. Inégalables et toujours d’actualité.
Roland Koster
Mai 06, 2010 @ 17:51:13
Le goût ça ne se discute pas (encore moins quand on touche à l’humour), mais pour moi, c’est Shaïke Ophir qui était le plus grand.
C’est aussi avec lui que j’ai le plus ri. Je me souviens encore de la répétition de la chorale au kibboutz (yofi Nechama) et aussi de la leçon d’anglais par l’instituteur arabe.
Je le compare toujours à Bourvil en cela que dans les deux cas, la sensibilité et le registre de ces deux artistes hors pair ont été révélés par le cinéma.
La fille de Shaïke Ophir est actrice.