So long Marianne, so long Leonard Cohen

 

 

Marianne et Leonard Cohen

Au revoir Marianne (tr. : Sabine Huynh)

Approche-toi de la fenêtre, ma chérie,
J’aimerais te lire les lignes de la main.
Je me prenais pour une sorte de gitan
avant de te laisser me ramener chez moi.

Au revoir, Marianne, il est temps qu’on commence
à rire et pleurer et pleurer et rire de tout ça encore et encore.

Tu sais bien que j’adore vivre avec toi,
mais tu me fais oublier tant de choses.
J’oublie de prier pour les anges
et les anges oublient de prier pour nous.

Au revoir, Marianne, il est temps qu’on commence
à rire et pleurer et pleurer et rire de tout ça encore et encore.

Quand on s’est connus on était presque jeunes
au fond du parc feuillu et ses lilas.
Tu t’accrochais à moi comme si j’étais un crucifix,
pendant qu’on s’agenouillait dans le noir.

Au revoir, Marianne, il est temps qu’on commence
à rire et pleurer et pleurer et rire de tout ça encore et encore.

Tes lettres disent que tu es à mes côtés désormais.
Alors pourquoi est-ce que je me sens si seul ?
Je me tiens au bord du vide et ton fil d’araignée ténu
enroulé autour de ma cheville me retient à une pierre.

Au revoir, Marianne, il est temps qu’on commence
à rire et pleurer et pleurer et rire de tout ça encore et encore.

Pour l’instant j’ai besoin de ton amour caché.
Je suis aussi froid qu’une lame de rasoir neuve.
Tu es partie quand je t’ai dit que j’étais curieux,
je n’ai jamais dit que j’étais courageux.

Au revoir, Marianne, il est temps qu’on commence
à rire et pleurer et pleurer et rire de tout ça encore et encore.

Ah tu es vraiment très mignonne.
Je vois que tu as encore changé de nom.
Juste au moment où j’ai escaladé le flanc de cette montagne,
pour rincer mes paupières sous la pluie !

Au revoir, Marianne, il est temps qu’on commence
à rire et pleurer et pleurer et rire de tout ça encore et encore.

tr. : Sabine Huynh

Sabine Huynh, poète et traductrice, vit à Tel Aviv.

Lire Bye Bye Leonard, traductions de Sabine Huynh

 


 

So Long, Marianne

Come over to the window, my little darling,
I’d like to try to read you palm
I used to think I was some kind of gypsy boy
Before I let you take me home.

Chorus: So long Marianne, it’s time that we began
to laugh and cry and cry and laugh about it all again

Well, you know that I love to live with you,
But you make me forget so very much
I forget to pray for the angel
And then the angels forget to pray for us.

Chorus

We met when we were almost young
Deep in the green lilac park
You held on to me like I was a crucifix
As we went kneeling through the dark.

Chorus

Your letters say that you are beside me now
Then why do I feel alone?
I’m standing on a ledge and your fine spider web
Is fastening my ankle to a stone.

Chorus

For now I need your hidden love
I’m cold as a new razor blade
You left when I told you I was curious
I never said that I was brave.

Chorus

O you are really such a pretty one
I see you’ve gone and changed your name again
And just when I climbed this whole mountainside
To wash my eyelids in the rain.

Chorus

En juillet 2016, quand Leonard Cohen a appris que Marianne Ilhen était mourante, il lui a envoyé cette lettre :

« Marianne, le temps où nous sommes si vieux et où nos corps s’effondrent est venu, et je pense que je vais te suivre très bientôt. Sache que je suis si près derrière toi que si tu tends la main, je pense que tu pourras atteindre la mienne. Tu sais que je t’ai toujours aimée pour ta beauté et ta sagesse, je n’ai pas besoin d’en dire plus à ce sujet car tu sais déjà tout cela. Maintenant, je veux seulement te souhaiter un très bon voyage. Adieu, ma vieille amie. Mon amour éternel, nous nous reverrons”.

Pour en savoir plus sur Marianne, lire La lettre d’adieu poignante de Leonard Cohen à Marianne Ihlen, muse de “So Long Marianne”