Anna R. Licht de Nathalie Klein

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Anna R. Licht de Nathalie Klein

306 pages / 20 euros

Anna R. Licht, c’est une jeune fille de 18 ans, fille de survivants d’Auschwitz qui a grandi sur des non-dits, des silences, des cris et des hurlements. Et surtout un secret qui sera révélé vers la fin du livre. Une « Deuxième génération » perdue qui pour se retrouver prend des chemins détournés et se met en danger en ayant des relations avec des hommes, beaucoup d’hommes.
C’est déroutant. En tant que lecteur, on se perd quelquefois nous-aussi puis on se retrouve, on la retrouve. Un vrai tourbillon. Le rythme de l’écriture est à l’unisson. D’un homme à l’autre, d’une ville à l’autre, d’une chambre d’hôtel à un bar, d’une identité à une autre. Difficile aussi de faire la différence entre la vraie vie d’Anna et sa vie rêvée.
Entre souvenir et mémoire, l’héroïne ne peut que se perdre :
p.203 Je me souviendrai ? Tante Faigy parlait de souvenir mais pourquoi fallait-il toujours se souvenir ? Pourquoi ? Il semblait que depuis ma naissance, depuis le jour où mes yeux se fixèrent sur le premier objet et depuis le moment où ma main se serra sur lui, depuis toujours, il fallait se souvenir. Mais se souvenir de quoi au juste ? La souffrance, le martyre de mes parents planaient dans nos murs telle une mémoire permanente, étouffante, castratrice. L’absence de leurs parents, de leurs frères et soeurs, marquait de façon indélébile chaque recoin de la maison. Il fallait depuis toujours que je me souvienne d’eux. Il le fallait. Mais souvent au fond de ma cellule toute blanche et étroite, lorsque mon père rugissait comme un animal et que ma mère hurlait de pleurs, mon coeur se glaçait et s’immobilisait et personne ne se souvenait de moi. La mémoire était à sens unique.
Anna R. Licht fait tout pour qu’on se souvienne d’elle, pour se trouver une place et pour que la mémoire ne soit plus à sens unique.
Anna R. Licht de Nathalie Klein

306 pages / 20 euros

 

     
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