Ma Liron, Erela Gochberg-Shaul

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J’ai traduit cette lettre d’une mère à sa fille publiée dans le journal Maariv הדמעות והגעגועים: בני המשפחות השכולות כותבים ליקיריהם שנפלו | חדשות מעריב, Les larmes et les regrets : les familles endeuillées écrivent à leurs proches décédés. Liron est la soeur de David Shaul, le compagnon de ma fille Sarah.

Ma Liron.
Une lettre d’amour et de commémoration écrite avec mon cœur qui saigne. À la veille du Jour du Souvenir de la Shoah,  avant Yom HaZikaron. Un appel. Nous préparons un livret qui comprendra des lettres écrites aux êtres chers qui nous ont quittés au cours de la dernière année. Peut-être avez-vous envie d’écrire ? Non, ai-je répondu. Nous n’avons pas perdu Liron au combat ou lors d’un attentat. Et la perte est si récente. L’intensité du deuil paralyse. Chaque cellule de mon corps, de ma tête et de mon esprit n’est que chagrin profond qui m’a noyée toute entière. Pourtant, en raison de ton rôle en tant que commandante de la cellule de crise des victimes dans l’armée israélienne, j’essaie de créer des mots qui te diront. Tout ce que tu es.

Tu as grandi sur les genoux de Saba et Savta, mes parents, des survivants de la Shoah. Quand tu avais 3 ans, l’institutrice m’a dit :  Elle sera major dans l’armée.  Tu avais mis les enfants en rang et les avais dirigés. C’était vraiment toi. Un chef né. Depuis ton enrôlement dans Tsahal, après ton service au QG militaire la ville de Rehovot, tu es devenue commandante de la cellule de crise des victimes dans l’armée israélienne pendant 13 ans. Un poste unique en son genre dans l’armée israélienne.
Tu t’es occupée de centaines de cas du moment où il faut annoncer l’horrible nouvelle de la mort d’un proche et tu as accompagné des familles endeuillées lors des funérailles, de la shiva, des commémorations et de la remise des effets personnels. Tu as établi avec dévouement le manuel des procédures de Tsahal sur le sujet, un travail professionnel de qualité. Tu as travaillé la nuit et parfois des jours et des semaines consécutifs lors d’opérations et d’exercices. Tu as accumulé de vastes connaissances dans le domaine. Tu as dirigé, tu as guidé et tu as trouvé des solutions en temps réel.

Tu as pris soin des familles endeuillées avec toute ton âme, par vocation, en lien profond avec toi-même. Tu as trouvé un sens profond à ton travail. Tu as rempli ton rôle de manière totale et inspirante 24 heures /24 et 7 jours/7. Plus d’une fois, je t’ai proposé de changer de poste. J’ai ressenti la lourdeur de ta charge. « Quelqu’un doit faire ce travail important, maman », tu me disais encore et encore. « Et d’ailleurs, où vais-je trouver un rôle avec autant de sens ? ».  Te souviens-tu ?

La veille du jour du Souvenir, nous nous asseyions devant l’écran de télévision, nous regardions les histoires des parents endeuillés et pleurions ensemble. Des pleurs sans fin. Tu me disais : « Maman, je me suis occupée de lui, ceux-là je les ai accompagnés. » Tu connaissais  et te souvenais des noms de tous. Nous n’imaginions pas dans les pires rêves que nous aussi deviendrions une famille endeuillée.

Même enfant, tu montrais de grandes capacités, un sens des responsabilités, de l’inquiétude pour tes frères et une maturité pour suivre ton propre chemin. Tu étais un modèle. Décisive, opiniâtre et déterminée. Tu n’as jamais voulu que nous nous inquiétions pour toi. Nous, papa et moi. Je me souviens de ta colère contre les soldats qui choisissaient de mettre fin à leurs jours : « Comment font-ils ça à leurs parents ! « , répétais-tu.

Depuis la naissance de ta fille,  notre chère Yuval, tu es devenue encore plus sensible à la question du deuil, mais tu as continué à occuper ce poste malgré ses exigences. Tu as joué ton rôle de mère et d’épouse de manière exemplaire parallèlement à ce rôle difficile et complexe. Après la naissance de votre deuxième fille, notre chère Omer, ton corps s’est effondré et nous t’avons perdue pour toujours. Toi : une mère, une épouse, une fille, une sœur, une amie et une dirigeante. Toi, notre fierté, pleine d’amour et de compassion, qui tendait la main à tous, pensant toujours à chacun, attentif aux petits détails, humble, sensible, dévouée, professionnelle, honnête, directe, courageuse, opiniâtre, indépendante, décidée, puissante, forte et si douce et si humble.

Tu as laissé une marque dans le cœur de tant de personnes et touché leur vie à ta manière. « Il n’y a rien d’impossible », disais-tu. Tu as consacré toute ta vie à fonder une famille, une relation, un foyer, des enfants. Tout est là. Seulement toi, toi, tu n’es pas là. Ma Liron, mon âme sœur, j’aimerais pouvoir te donner naissance à nouveau. Tu seras toujours ma reine incontestée. Ma lumière. La taille de la douleur est comme la taille de mon amour pour toi. Chaque cellule de mon corps, de ma tête et de mon esprit crie ton nom : Liron. Liron. Liron. Une vie. Une vie entière. Nous avons perdu un avenir commun avec toi. Les expériences d’une fille devenue mère. J’ai encore tellement plus à te donner.

À toi, avec mon cœur qui saigne à jamais,

Maman

 

לירון שלי.

מכתב אהבה והנצחה מדם לבי השותת. ערב יום השואה, לקראת יום הזיכרון. טלפון. מכינים חוברת שתכלול מכתבים שכותבים לאהובים שעזבו אותנו בשנה האחרונה. אולי תרצי לכתוב? לא, עניתי. לירון לא אבדה לנו בקרב או בפיגוע. והאובדן כל כך טרי. עוצמת האבל משתקת. כל תא בגופי, נפשי ורוחי הינו יגון עמוק שהטביע את כולי. ובכל זאת, בגלל תפקידך כמפקדת חמ »ל הנפגעים של צה »ל, אני מנסה לברוא מילים שיגידו אותך. את כל מי שאת.
גדלת על ברכי סבא וסבתא, הוריי, שורדי שואה. בגיל 3 הגננת אמרה לי: « היא תהיה רס »רית בצבא ». העמדת את הילדים בשורה והובלת אותם. ואכן כך היה. מובילה מלידה. מאז גיוסך לצה »ל, לאחר שירותך בקצין העיר רחובות, הפכת למפקדת חמ »ל נפגעים של צה »ל במשך 13 שנים. תפקיד ייחודי, אחד ויחיד בצה »ל.

טיפלת במאות מקרים מרגע מסירת הבשורה המרה וליווי המשפחות השכולות בהלוויות, בשבעה, באזכרות, במסירת החפצים האישיים. מיסדת את חוברת הנהלים הצה »לית בעבודת נמלים מקצועית ומסורה לאורך השנים. נשארת לילות, ולפעמים ימים ושבועות רצופים בזמן מבצעים ותרגילים. צברת ידע עצום בתחום. הנהגת, הדרכת ונתת מענה בזמן אמת.

את הטיפול במשפחות השכולות ביצעת ביראת קודש, בחיל ורעדה, מתוך תחושת שליחות פנימית ובחיבור עמוק לעצמך. מצאת בעבודתך משמעות עמוקה. מילאת את תפקידך בצורה טוטאלית ומעוררת השראה 24/7. לא פעם הצעתי לך להחליף תפקיד. חשתי את הכובד והעומס. אך את דבקת בו ללא עוררין. « מישהו צריך לעשות את התפקיד החשוב הזה, אמא », כך נהגת לומר לי שוב ושוב. « וחוץ מזה, איפה אמצא תפקיד כזה משמעותי? ». זוכרת?

בערב יום הזיכרון היינו יושבות מול מסך הטלוויזיה, צופות בסיפורי ההורים השכולים ובוכות יחד. ממררות בבכי בלי סוף. היית אומרת לי: « אמא, בזה טיפלתי, את אלה ליוויתי ». הכרת וזכרת את השמות של כולם. לא תיארנו לעצמנו בחלומות הכי גרועים שגם אנחנו נהפוך למשפחה שכולה.
עוד בהיותך ילדה גילית יכולות גבוהות, אחריות ודאגה לאחים שלך ובגרות לצעוד בדרך משלך. היית מודל לחיקוי. החלטית, דעתנית ונחושה. אף פעם לא רצית להדאיג אותנו, את אבא ואותי. אני זוכרת איך תמיד כעסת על חיילים שבחרו לקחת את חייהם בידם: « איך הם עושים את זה להורים שלהם! », חזרת ואמרת.

מאז נולדה בתך, יובל האהובה, הפכת רגישה עוד יותר לנושא השכול, אך המשכת לשאת בתפקיד על אף היותו כה תובעני. ביצעת את תפקידך כאמא ורעיה למופת בצד התפקיד הקשה והמורכב. לאחר לידת בתך השנייה, עומר האהובה, גופך קרס ואיבדנו אותך לנצח. אותך: אמא, רעיה ובת, אחות, חברה ומנהיגה. אותך, גאווה שלנו, מלאת אהבה וחמלה, מושיטה יד לכל, תמיד חושבת על כולם, שמה לב לפרטים הקטנים, צנועה, רגישה, מסורה, מקצוענית, כנה, ישירה, אמיצה, דעתנית, עצמאית, החלטית, עוצמתית, חזקה ורכה וכל כך צנועה.

שארת חותם בלבבות של רבים כל כך, ונגעת בחייהם בדרכך המיוחדת. « אין דבר שהוא בלתי אפשרי », נהגת לומר. את כל חייך כיוונת להקמת משפחה, זוגיות, בית, ילדים. הכל קיים. רק את אינך. לירון שלי, אהובת נפשי, הלוואי שהייתי יכולה ללדת אותך שוב. לעולם תהיי המלכה הבלתי מעורערת שלי. האור שלי. גודל הכאב כגודל אהבתי אלייך. כל תא בגופי, נפשי ורוחי זועק את שמך: לירון. לירון. לירון. את מפעל חיים. יצירה שלמה. אבד לנו העתיד המשותף. חוויות עם בת שהפכה לאמא. כל כך הרבה יש בי עוד לתת לך.
שלך, בלב מדמם לנצח, אמא

     
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