Café Nagler, un documentaire israélien de Mor Kaplansky

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Café Nagler – documentaire de Mor Kaplansky 2015- 55 minutes

Affiche du film Café Nagler de Mor Kaplinsky

La chronique cinéma israélien de Brigitte C.

Toute son enfance Mor a été charmée par les récits de sa grand-mère Naomi Kaplansky sur le Café Nagler qui appartenait à sa famille dans le Berlin des années 20.

Chez Naomi Kaplansky, on sert le café et les gâteaux dans le service marqué de l’effigie du café, les couverts sont poinçonnés et on respecte les règles strictes dictées par cette longue tradition berlinoise. Imginez la serviette blanche amidonnée sur le plateau où se déposeront la cafetière et les tasses d’un délicat service en porcelaine.

Naomi, 86 ans aujourd’hui, née en Israël, a compté parmi les premiers cinéastes de la télévision israélienne et a entre autres participé à la fameuse série documentaire, ‘Amoud Haesh’ – Colonne de Feu – une série documentaire sur l’histoire du sionisme qui fait partie du patrimoine culturel des Israéliens.

Quand Naomi était petite fille, elle a été elle-même bercée par les histoires de ses grands-parents venus s’installer en Palestine en 1925 sur ce café légendaire et ainsi de génération en génération on conte dans leur famille la grandeur de ce café berlinois où l’Intelligentsia  de l’époque venait prendre le café et discuter du destin du monde. Ainsi Einstein, et même Kafka, auraient posé leurs illustres postérieurs sur les chaises du café Nagler et fait flotter dans l’air du café leurs paroles d’or. Et on savait aussi s’y amuser, et comment donc.

Entre Mor et sa grand-mère existe un lien très particulier alors quand Mor décide de marcher dans les pas de sa grand-mère et de devenir cinéaste elle-aussi, il lui apparaît comme une évidence qu’il ne tient qu’à elle de perpétuer le souvenir de cette grande maison que fut le café Nagler. La voilà donc partie pour Berlin, tandis que Naomi, accrochée au téléphone, suit d’Israël l’enquête de Mor qui va d’archives en archives et glane tous les renseignements possibles sur ce fameux café.

Mais la réalité qui se découvre peu à peu dévoile des contradictions , des écarts, des  dissonances que la mythologie familiale a bien du mal à recouvrir. Mor, perplexe et désolée, se demande comment faire pour ne trahir ni les souvenirs des souvenirs de sa grand-mère ni la réalité qu’elle découvre. Ils sont pourtant bien là ces couverts, ce service…

La pirouette qu’inventera Mor est délicieuse, délicate et pleine d’humour. Pour ne pas gâcher le plaisir impossible de rien révéler.

Un très joli film qui sur un ton un peu léger et un peu grave en dit long sur la façon dont les souvenirs se fabriquent, les mythologies se créent et sur la fragilité de la réalité.

Et j’aimerais bien en savoir plus sur Naomi Kaplansky, cette grande dame du cinéma documentaire israélien dès ces premières heures.

 

 

Image d'époque du Café Nagler à Berlin

 

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